J’ai fabriqué mes chabrettes
Petit fils d’accordéoneux et fils de violoneux je devais devenir chabrettaire. Dès l’ouverture du conservatoire de musique traditionnelle de limoges, en 1987, je me suis inscrit, comme élève, j’avais alors 52 ans (après avoir joué de la cabrette dans plusieurs groupes folkloriques et pris de mauvaises habitudes en ce qui concerne le doigté).
Dès que j’ai eu la possibilité de louer une chabrette, j’ai opté pour l’instrument, puis j’ai décidé de me lancer dans la fabrication de celle qui est devenue la mienne.
Après avoir, réunis, non sans mal, les documents susceptibles de m’aider à sa fabrication, (un merci particulier pour tous ceux qui m’ont aidé et tous ceux qui par la publication de leurs recherches m’ont permis de réaliser un rêve de retraité).
Je possède, aujourd’hui 7 chabrettes de ma fabrication, (une en LA, 5 en SOL et une en FA) et je me suis offert le luxe d’acheter très cher, le top de ma collection, un instrument vraisemblablement réalisé par Elie Bejard, né en 1870 et décédé en 1960 .
J’encourage ceux qui envisagent de faire cette démarche ,et les incite à consulter le blog de cabrettes et cabretaires ils y trouveront de précieux conseils quant à la fabrication d’un hautbois de cabrette ( tube mélodique) .A la différence de la cabrette, il faudra , en plus réaliser une clef, un pavillon et une fontanelle , des boudons, (Souffler n’est pas jouer, ouvrage remarquable ,édité par F M A D T éditions et Modal études, vous apportera un superbe coup de projecteur sur l’instrument).
Lorsque Nathalie Rode m’a demandé de lui confier un pied de cabrette de ma fabrication pour jouer à l’Olympia l’Ave Maria de Shubert dans le cadre du spectacle de Sylvie Pulles le 10 Mai 2010 j’ai pensé que mes efforts avaient été couronnés de succès.
Outre les principales difficultés techniques rencontrées dans les travaux de réalisation il y a eut celles d’approvisionnement en matières premières (os, bois, corne).
Pour le bois j’ai eu la chance de pouvoir profiter de la liquidation d’un stock de carrelets de buis sec et stabilisé auprès d’une entreprise qui cessait son activité , en ce qui concerne la poche je confie ce travail à un luthier spécialiste (chercher sur un site)
Pour l’os, après la difficile quête auprès de bouchers, je l’ai progressivement remplacé par de l’ivoirine trouvée dans les brocantes.
Pour la corne on trouve des blogs de fournisseurs.
En ce qui concerne les miroirs mes premières chabrettes ont été décorées à l’aide de glaces découpées puis grugées. Ensuite, j’ai découvert le site d’une entreprise de découpage du verre, qui réalise la découpe de formes et d’épaisseurs diverses.
Le travail de luthier amateur est vite devenu une passion et mon engagement auprès de groupes folkloriques ainsi qu’à une petite formation constituée de Claude & Sylvie Levêque (vielle à roue et diatonique) m’ont amenés à avoir des contacts nombreux avec des musiciens traditionnels qui sont devenus des disciples et amis.
Je crois aujourd’hui que cet instrument, si on respecte son origine, doit faire l’objet dans son utilisation et son histoire de simplicité et d’objectivité. Quand on le réalise et que l’on s’est inquiété de savoir qui et avec quels moyens il fut fabriqué on se rend vite compte des erreurs que l’on peut commettre en oubliant de se situer dans le contexte de l’époque (que ne ferait pas dire et écrire la passion ?).C’est aussi grâce à cette passion que la chabrette à été sortie de ces cendres.
De quoi peut naître un tel engouement ?
En ce qui me concerne, c’est je crois, la conjonction de plusieurs choses.
D’abord d’avoir entendu à nouveau parler de l’instrument dont se référaient souvent mes grand parents au cours des veillées pour évoquer les musiciens de leur jeunesse.et aussi, le souvenir de mon père que les jeunes étaient venus chercher quelques semaines après la fin du dernier conflit mondial pour les faire danser sur des airs de mazurkas, polkas, scottishs et autres valses et qui après avoir non sans difficulté retrouvé le diapason et les cordes manquantes, s’asseyait sur une table dans la grange et actionnait son archet avec tout le nerf que lui imposait le rythme .
C’est aussi le souvenir de ces danses, et de la virtuosité et de la patience d’un jeune chabrettaire, professeur au conservatoire de musique traditionnelle naissant à Limoges : Ph Randonneix .
Quelques observations sur la réalisation :
En ce qui concerne le hautbois la méthode que j’utilise consiste à percer un cône étagé à l’aide de forets à métaux de diamètres décroissants rallongés par brasure à l’argent à l’extrémité d’une tige d’acier rond de même diamètre. Le guidage étant effectué grâce à la brasure d’un tube de préférence en laiton sur un foret de même dimension que celui ayant servi au précédent perçage.
L’alésage du cône final est effectué à l’aide d’un alésoir que je fabrique avec de la tôle d’acier d’épaisseur appropriée et qui donne une précision et un fini remarquables.
Pour le buffoir la seule difficulté réside dans l’isolation au moyen de tubes plastiques de la partie réalisée en buis pour éviter les fentes du bois au contact de l’humidité. (le clapet anti-retour est découpé dans du cuir de 1 mm d’épaisseur.
Pour les bourdons la difficulté de réalisation consiste à confectionner un montage pour perçages excentrés au travers du barillet du gros bourdon sur le tour à bois. Pour les autres parties j’utilise des forets rallongés en prenant soin de dégager le copeau en ressortant ceux- ci tous les 3 mm.
Pour éviter les fentes du bois pendant ou après le travail attention à la chauffe excessive des outils !
Il faudrait là de nombreuses lignes pour indiquer comment vaincre les petites difficultés supplémentaires que l’on franchira facilement avec un peu de patience et de réflexion.
Le boitier est constitué d’un bloc de buis sur lequel sont sertis à l’étain les miroirs destinés à la décoration personnalisée (on peux s’ inspirer de décors existants) cela dit l’absence de décors n’est pas un obstacle au bon fonctionnement de l’instrument ! Commencer simple pour ne pas gaspiller les matériaux difficiles à trouver.
Le boitier est constitué d’un bloc de buis sur lequel sont sertis à l’étain les miroirs destinés à la décoration personnalisée (on peux s’ inspirer de décors existants) cela dit l’absence de décors n’est pas un obstacle au bon fonctionnement de l’instrument ! Commencer simple pour ne pas gaspiller les matériaux difficiles à trouver.
Cela dit l’anche est un des éléments importants de la justesse et de la beauté du son. Nous en reparlerons .
Il y a aussi la réalisation de la clef : je la confectionne dans de la tôle de laiton que je me procure dans des magasins de fournitures pour modèles réduits, sa fixation sur l’axe se fait au moyen d’un tube de laiton soudé à l’étain sur la clef.
Pourquoi fabriquer son instrument
D’abord pour mieux le connaître, mieux l’adapter à son gout personnel, .savoir l’entretenir de manière à ce que celui-ci soit « confortable à jouer » en évitant les pertes d’air inutiles et les excès de pression sur la poche.
Quelques photos pour illustrer mes propos
L’accordéon de mon Grand-père et les deux violons de mon Père :
La chabrette pour laquelle j’attribue la fabrication à Elie Bejard :
Du carrelet au hautbois :
Ebauche d’un boitier :
Mes fabrications :
La chabrette pour laquelle j’attribue la fabrication à Elie Bejard :
Divers pieds, ceux qui sont en buis (bois clair ) sont mes réalisations :
Le pied de cabrette de ma fabrication qu’utilisa Nathalie Rode à l’Olympia :
Avec Jean Jayat, Chabrettaire :
Le Grand-père de Jean Jayat, François Chabrier, sabotier et chabrettaire à Vicq sur Breuilh
(1881- 1963) :
Bonjour, merci pour cette page à disposition sur la toile. Jouant de la cornemuse (ecossaise) et expatrié du limousin, c'est avec plaisir que je vous lis.
RépondreSupprimerOlivier
Bonjour,
RépondreSupprimerje m'interesse de faire un pied d'une chabrette de Limousin, mais je n'ai pas les messures vraises.
j' habite en Allemagne et je peu pas parler la langue francais. Voulez-Vous aide mois avec une dessin d'une pied ?
Dirk Zimmermann
Offenburg / Allemagne